De la Manufacture des Gobelins à l’Elysée
Le Volturo, la première tapisserie mise en boîte
Nous avons eu la chance d’enregistrer une capsule toute particulière à l’Elysée : Madame Brigitte Macron a posé sa voix devant la très grande tapisserie de Pierre Alechinsky, Le Volturno, le jour-même où l’artiste belge recevait la nationalité française. On connaissait les peintures de l’artiste : comment donc passe-t-on du dessin à la tapisserie ?
Une visite à la Manufacture des Gobelins nous a permis de mieux comprendre cette technique ancestrale. On vous en donne les grandes lignes, car le processus est long.
Tout commence par le choix de l’artiste, qui se fait via une commission d’experts, une commande ou encore sur demande spontanée. Il propose un projet, soit inédit, et on lui achète le « carton » – soit existant – et c’est un droit de tissage qu’on lui verse. L’artiste a auparavant visité les ateliers afin de proposer un projet pertinent à la commission. Le « chef de pièce », comparé à un chef d’orchestre, choisit une manière de réinterpréter l’œuvre : la tapisserie doit rester dans l’esprit de l’artiste tout en amenant un plus pour ne pas être une simple reproduction. Dans le cas présent, Pierre Alechinsky a d’abord proposé un diptyque, qui, après réflexion, fonctionnait mieux sur 3 panneaux. Les licières – les tisseuses – lui ont demandé d’imaginer une bordure afin de resserrer la composition.
Le choix des couleurs et des techniques se fait ensuite sur place, avec les ateliers concernés, et détermine le format de la tapisserie. Le tissage de Haute lice fait appel à une technique dans laquelle les fils de chaîne sont placés à la verticale. On a ensuite passé entre ces 52 fils de chaîne une trame en bois chargée de deux fils de laine, et c’est ainsi que la tapisserie prend forme. Chaque projet est confié à un chef de projet, un directeur de la production et un chef teinture ; l’artiste suit tout le processus. Trois licières sont mobilisées chaque jour sur un projet ; 19 sont passées derrière le métier du Volturno, 4734 jours durant…. Soit environ 13 ans, contre 7, en moyenne.
Le 12 septembre 2017 à 11h30, c’est la tombée de métier. La tapisserie, roulée sur elle-même au fur et à mesure qu’elle est tissée, est officiellement terminée et décrochée du métier. On peut enfin l’admirer dans sa globalité.
Madame Brigitte Macron demande son accrochage dans le jardin d’Hiver, au Palais de l’Elysée, le 27 septembre.
La capsule est en ligne ici !