Le cri de la mouette, c’est le cri que pousse Emmanuelle, enfant. Emmanuelle est sourde de naissance. La communication avec son entourage, et le reste du monde, est presque inexistante. Malgré tout, les liens familiaux sont forts. Elle raconte avec justesse et violence la pose d’un appareil auditif qui serait censé lui donner accès au monde des entendants. Pour elle, c’est un appendice invasif qui nie son identité de sourde. Il n’est pas question qu’elle le porte. Un jour, son père entend parler du langage des signes. Emmanuelle a sept ans et un autre monde s’ouvre enfin à elle. Cette langue deviendra pour elle, sa mère et sa petite sœur, le mode de communication privilégié. Mais l’enseignement en France n’est pas aussi avancé, la langue des signes est proscrite (elle sera légalisée en 1989). Adolescente révoltée, la jeune fille milite pour se « faire entendre » et embarquer dans son sillage sa génération. Emmanuelle lutte, souffre. Elle nous raconte aussi comment elle repousse les limites de l’autorité, expérimente l’alcool, le sexe et la drogue, comme une ado… La langue des signes la porte sur les planches et elle devient comédienne.